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lundi 3 avril 2017

Communication politique : El-Himma-Ferguson lequel vampirise l’autre ?

Le Blog d'Ahmed Ben Bannour




Rappelons cette image dont rêve tout homme politique: El-himma serrant les mains dans un souk à de braves paysans qui respirent le Maroc profond et qui le regardent avec tendresse et admiration. Imaginons un seul instant, mais cette fois-ci, dans une ville, le même leader serrant les mains à de jeunes gens; garçons et filles respirant la modernité, tout en lui adressant le même regard, de la même complicité.


Y’a-t-il une image plus forte que celle-ci ? Cette image n’emporte-t-elle pas l’adhésion et marque les esprits? N’est-ce pas là, que réside « l’authenticité et la modernité »? 

J’accuse un certain « tracteur » d’avoir écrasé sans pitié une belle image et piétiné une belle communion entre un leader et un peuple! Une question surgit : quelles sont les associations que l’on pourrait faire entre un tracteur et un leader? Tout un chacun, confronté à la psychologie marocaine ne pourrait que s’écrier : Oh, mon Dieu, les dégâts que cela va causer. Oh, les ravages ! Oh, la catastrophe ! VROUM, CRASH, « PAM », « PAM »…..

Au lendemain des élections remportées par Le PAM, un journal veut nous rassurer «Ce n’est pas un tracteur c’est un bulldozer. Le PAM n’aurait pas dû se donner pour emblème un modeste véhicule agricole mais un puissant engin de terrassement». Tout a été dit. Tellement bien dit que nous n’avons plus de commentaire à faire !

Rappelons que ce modeste véhicule est tout de même un tracteur enivré de cette «ivresse que donne la cam­pagne à ceux de la ville». Un tracteur dans cet état, qui déambule sur nos rues, nos artères et que le trac­toriste a du mal à contenir ou à contrôler. Aujourd’hui, Il est en train  de vampiriser le PAM et le leader du PAM. Ceux-ci, ne sont-ils pas relé­gués au second plan? La vraie star n’est-elle pas le tracteur? Tout un chacun ne claironne-t-il pas « le parti du tracteur »!?

Cette charmante femme che­vauchant le même tracteur arborant fièrement une poitrine plantureuse, quels fantasmes déclenchent-elle en nous? N’est-ce pas que tout le plaisir est pour ce damné tracteur? VROUM .. VROOM et « PAM... PAAAM. Les dégâts sont con­sidérables sur l’image de marque du leader mais les dégâts de notre cher tracteur ne s’arrêtent pas là. Dans son ivresse, il arbore une moder­nité agressive qui écrase sur son passage tout un univers de signes et de symboles. Tous ces arômes qui s’évanouissent, toute cette enfance de fierté, de joie et de lumière sont pulvérisées par cette machine, de cette moder­nité myope et méprisante.
Avouons-le : Il n’y a qu’un adversaire politique acharné qui souhaiterait un tracteur comme symbole collé au front de son rival.

Quand l’identité se con­fond avec l’image, celle-ci est sujette à tous les aléas d’un inconscient. Voilà pour­quoi les spécialistes dans le domaine de la communica­tion politique redoutent une telle perspective. L’identité renvoie à la personnalité du leader, ses traits et ses caractéristiques. L’image par contre renvoie à toutes ces associations suscitées, celles -là même qui, quand elles ne sont pas contrô­lées par une connaissance avertie de l’environnement socioculturel récepteur, con­duisent à des perceptions catastrophiques.

Une image forte est sou­vent associée à un symbole fort qui peut être un animal ou un objet ou une couleur mais qui se répercute posi­tivement sur l’identité et accroît son prestige et sa notoriété et vice versa. Mais qu’inspire l’image d’un trac­teur suspendue au fronton d’une formation politique ?

Le blog d'Ahmed Ben Bannour



Quel est le mes­sage politique dans ce cas con­cret ?

Le tracteur ne met-il pas en avant la campagne et l’aspect rural ? Or le centre de gravité se déplace de plus en plus avec toutes les transformations et les cham­boulements qu’a connus le pays. Ce n’est plus «Le fellah défenseur du trône» comme l’affirmait à juste titre et à son époque un cer­tain Remy leveau. Non, la paysannerie traditionnelle a perdu de son pouvoir. Les notables sont une espèce en voie de disparition. L’ur­banisation galopante gri­gnote avec son pouvoir ten­taculaire sur la campagne elle-même. Le défenseur du trône aujourd’hui n’est autre que la démocratisa­tion, l’urbanisation et ces nouveaux notables qui sont les dirigeants d’en­treprises et ces démo­crates de tout bord.

Par ailleurs, pourquoi miser sur une modernité matérielle et technique qui retourne la terre et qui ne peut qu’accentuer le sentiment d’exil et d’instabi­lité psychologique ? Pourquoi ne pas miser sur une modernité intellectuelle qui nous réconcilie avec notre environnement et nous ouvre la voie vers une véritable authen­ticité? Celle-là même qui nous permet de dominer notre désarroi et notre angoisse tout en libérant notre imagi­nation créatrice ?


La vraie star n’est-elle pas le tracteur?

Ce n’est pas un trac­teur qui nous fait rêver d’un lendemain qui chante. Un parti poli­tique de même qu’un leader n’a d’impact parmi nous que grâce au rêve qu’il suscite en nous. Un rêve qu’il s’at­telle à concrétiser dans la réalité vécue.

Le PAM ne se trouve-t-il pas en situation de remettre à plat toute sa communication pour repositionner une image trop malmenée par un tracteur qui a marqué les esprits en vampirisant le programme du parti, le parti et son leader avec !?