Casablanca, le 15 novembre 2010
Qui nierait cette évidence terrible, la
culture marocaine est en panne de création : les livres périclitent, la chanson
s’effondre, le roman végète, la musique n’est plus que brouhaha et les films, à
quelques rares exceptions près, ne sont qu’imitation servile.
Mohamed Naji, observateur averti,
arrive à ce constat cruel : «Dire cette vérité amère et incroyable : oui, nous
sommes revenus en arrière par rapport au protectorat en matière de culture.
Oui, nous avons réussi à désertifier le champ culturel et dans ce désert le
charlatanisme fait loi. Oui, le ministère de la culture qui ne peut se réfugier
derrière le prétexte de l’insuffisance budgétaire se doit au moins de crier
haut ces vérités et de revendiquer le droit à la création de s’interroger à ce
sujet mais cela suppose qu’il ait un projet..».
En effet, si la culture régresse c’est
tout le pays qui régresse. Comment s’étonner dès lors que certains se réfugient
dans des idéologies bigotes, fanatiques et rétrogrades ? L’enjeu est terrible,
cela mérite donc que l’on interroge notre ministre de la culture. Quel projet
a-t-il ? Quelle vision ? N’est-il pas «le philosophe», le «penseur» qu’on nous
présente à cor et à cri ?
L’autocélébration tient lieu de communication
Comme nous sommes dans l’empire de la
communication, saluons la prouesse de notre ministre qui s’est mis
littéralement à dos, le monde de la culture, de l’art et de l’information !
Une question s’impose : comment-a-t-il
fait ? Comment s’ingénie-t-il à nous offrir toutes les occasions de se payer sa
tête ? Comment notre ministre a réussi une telle acrobatie communicationnelle
pour avoir aujourd’hui l’image la plus exécrable ? Oui, une image exécrable !
cela arrive quand on bouscule les convenances, quand on dérange une hiérarchie
figée, quand on secoue les certitudes pour dessiner d’autres sentiers et quand
la culture est mise en mouvement pour donner le meilleur d’elle même en
exprimant le génie créateur de notre peuple !
Hélas, rien de tout cela ! Rien que de
petits calculs sordides, de petits règlements de compte qui n’honorent ni sa
personne, ni ses collègues au gouvernement, ni le parti qui l’a hissé à ce
rang.
En effet, force est de constater que
tout un chacun s’interroge : quelle est la vision et au service de quelle cause?.
Bref, pour parler concrètement, quelle est la feuille de route que cet homme
entend adopter pour sortir la culture de l’ornière dans laquelle elle
patauge ?
L’USFP et d’autres compères, n’ont-ils
pas chanté sur tous les toits dans la pure tradition stalinienne, que notre
Himmich est l’intellectuel hors pair, le savantissime, la lumière dont une
seule étincelle éclairerait la destinée de notre nation et le devenir du monde
arabe ? !
Il est vrai que nous avions déjà un
avant-goût de ce cauchemar lors de sa première sortie médiatique où il s’est
surtout évertué à plaire à tout un chacun par des flots de promesses. Ce jour
là, il nous a assuré qu’il comptait remédier à la crise de la lecture par
l’intermédiaire de certains textes de littérature que l’on soumettrait aux
élèves pour qu’ils les apprennent par cœur ! Plus d’un écarquilla les yeux : «
Ce monsieur veut–il nous ramener à nos siècles obscurs où la mnémotechnique
étouffait dans l’âme toute créativité et toute réflexion pour ne faire prévaloir
que les stéréotypes appauvrissants et la scolastique indigente?. Tout ce carcan
qui pèse toujours sur les consciences et les mentalités et dont nous continuons
à payer l’exorbitant prix !
« Le cassage » d’une image de marque
A la foire du livre, en présence de
l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin, notre ministre de la
Culture prenait la parole, non pas pour nous éclairer mais tout simplement pour
se prendre les pieds dans le tapis en astiquant une langue de bois ponctuée de
quelques bourdes : telle que cette expression affligeante : « le cassage »
du bras du ministre français de la culture. Et d’autres vacheries du genre,
mettant tout un chacun dans une gêne effroyable. Seul Dominique De Villepin
avec une sérénité exemplaire, regardait tout cela avec un certain amusement.
Pourquoi pas ! Lui, l’homme d’État, le vrai homme de culture s’offrait un
moment rare de contempler de visu la culture réduite en tartufferie !
Un égo démesuré à Hola
Nous attendions notre ministre au
chevet d’une culture agonisante pour lui insuffler créativité et régénération,
hélas, nous le rencontrons là ou personne ne l’attendait : sur le podium de
Hola avec des photos et un discours exprimant une autosuffisance naïve. Il nous
dit : oui je suis helléniste, poète, philosophe, scénariste, essayiste,
romancier, polyglotte, bref, l’autocélébration chante ses propres louanges à
n’en pas finir. A une question : quelles sont les grands axes de votre
politique culturelle ? Le ministre se contente de se comparer à ces sommités :
André Malraux et Georges Semprun ! La réponse que nous attendions ne vient que
sous forme de phraséologie verbeuse et vœux pieux du genre « la culture
marocaine doit briller de tous ses éclats. La culture doit être véritablement
la colonne vertébrale du développement humain ». Et d’autres sornettes du même
acabit.
Quel est le message transmis
Voilà le message implicite, aussi
puéril que burlesque : «La culture ? Je m’en balance. Elle n’est que
tremplin, de même que le parti n’est qu’une marche pied pour arriver là où je
suis. Je ne suis peut- être pas prince mais tout comme ! Ne suis-je pas là, à
Hola, admiré, choyé, donc prince parmi les princes ? ».
Dans sa prestation télévisée, la
désinvolture frise le ridicule. C’était au cours de ce moment mémorable à
Aljazira. La brillante journaliste, le présente en termes pompeux. Il l’arrête
net, d’un geste exaspéré et une mine de papier mâché : « Non, je ne suis pas né
en 1948 mais en 1958. Non, vous avez rajouté dix ans à mon âge ! » Tout un chacun
s’esclaffe. L’âge de son excellence prime. Chaque jour est un événement,
y rajouter dix ans à cette vie fabuleuse est une atteinte grave à la marché
mémorable de l’humanité !
La toute dernière bourde : le ministre
de la Culture a donné sa bénédiction écrite pour l’exhumation d’un trésors. Des
représentants du ministère étaient-là avec on ne sait quels charlatans
assermentés et arnaqueurs attitrés.
Le borgne et les aveugles
Oui, « le borgne est maître dans
le pays des aveugles ». Mais, nous ne sommes pas des aveugles pour autant
! Voilà des voix qui s’élèvent, des intellectuels qui plongent dans la prose
himmichienne pour la trouver dénuée d’originalité. L’homme de culture se révèle
un dilettante qui se pique de culture. Parmi les intellectuels marocains, il
est celui auquel le ciel a dispensé le plus parcimonieusement ses dons. Bien
que les plumes de paon dont L’USFP l’ait paré, tombent l’une après l’autre. Les
thuriféraires n’en démordent pas pour autant et continuent à balancer dans tous
les sens leur encensoir.
Pendant ce temps, Himmich continue à
surfer sur un égo gonflé à bloc, avec ses gesticulations qui ne sont
qu’inscriptions mortuaires sur l’épitaphe d’une culture... où on peut lire :
ci-gît la grande culture marocaine victime de mystification partisane de
démagogie et d’indigence ostentatoire.
Un critique littéraire, affirme : les
romans himmichiens de modeste fabrication n’ont eu d’impact qu’auprès de
l’élite moubarakienne. Celle-là même dont l’obséquiosité et la servilité lui
tiennent lieu de créativité.
Le dernier livre de Himmich est célébré
comme d’habitude par le parti. Et une conjuration d’ovations, ce qui a suscité,
néanmoins, une réaction foudroyante de la part d’un journaliste de haut vol, Eric
le bras (Rédacteur en Chef du magazine : Actuel).
Voici, en substance ce qu’il nous dit,
sous le titre significatif : «Le ministre qui se prenait pour un écrivain »
L’auteur affirme : « Ce livre est rempli pour l’essentiel d’aphorismes
à la Cioran. Sauf que n’est pas Cioran qui veut et notre ministre est à mille
et une années-lumière du génial Roumain.... Il rajoute des mots inutiles,
boursoufle les textes de mauvaise graisse, pédantise à foison et s’épanche pour
ne rien dire ou si peu...La méthode Himmich, c’est la paraphrase du talent par
la médiocrité. Il ne plagie pas. Il s’inspire mal puis expire du vide... Hélas,
l’homme qui croyait être écrivain a aussi ses propres muses qui lui soufflent des
sentences variées le plus souvent sans aucun intérêt. Notre ministre pratique
l’art d’enfoncer des portes ouvertes dans des phrases trop longues avec des
mots superflus, des formules inappropriées et des images poétiques bancales. Himmich
sait mieux raconter qu’imiter. Il reste un honnête artisan. Dommage qu’il se
prenne pour un artiste ».