"Les musulmans volent, les musulmans agressent". Voilà ce que nous dit en substance un certain Houellebecq et il en tire la conclusion qui s’impose : " les Français ne veulent pas que ces musulmans s’assimilent, ils veulent qu’ils s’en aillent’’ un ''Bataclan à l'envers'' se prépare.
Illuminations des Champs-Elysées. L’acteur Tahar Rahim, parrain des festivités |
C’est fort de café, mais pas plus fort que " l’islam est une religion de cons" ! Comme l’a affirmé cet homme, qui mérite largement le qualificatif du béotien français le plus célèbre, en matière de vacuité intellectuelle, de basse vulgarité et de racisme ignominieux.
La République désigne Le Prophète
Les musulmans n’ont pas jugé utile de répondre à cet homme, qui patauge dans la bouillasse de sa haine. Par contre, la République, elle-même, s’en est chargée. Dans un geste de noblesse, elle a désigné un homme pour appuyer sur l’interrupteur d’allumage, lors de la célébration de la fin de l’année.
Cet homme n’est autre que l’acteur Tahar Rahim, celui-là même, que l’on surnomme, le Prophète. Et c’est ce prophète même qui dit ce soir " que la lumière soit et la lumière fut". Et les champs Élysées s'éclaircissent, des millions de reflets qui s’entrecroisent dans le ciel Parisien, comme pour confirmer, encore une fois, que Paris est fidèle à sa légende. N’est elle pas la ville des lumières ?
Toutefois, le plus envoutant ce sont ces millions d’étincelles de ces yeux, ces sourires émanant de ces deux millions de personnes qui se sont amassés de la Place de la Concorde, jusqu’à cette avenue, qui nous confirme qu’elle est la plus belle avenue du monde.
Nous sommes les enfants de la République |
Un autre horizon
On nous dit que les Champs-Élysées retrouvent la foule des grands soirs, ce à quoi je rétorque : non les Champs-Élysées retrouvent une foule française renouvelée. La foule d’une grande aube, qui permet de bien augurer d’un avenir autre que celui annoncé par les cassandres, adeptes d’un fanatisme sectaire, que l’âge des cavernes ne cesse d’alimenter.
Est-ce un hasard que l’on appelle " le Prophète", pour chasser les ténèbres ? Est-ce un hasard, si celui-ci porte un prénom et un nom qui sont tout un programme en langue arabe : Tahir, signifie : immaculé, purifié et Rahim, un attribut de Dieu qui signifie : clémence, magnanimité. Tant de symboles qui s’entrechoquent, afin de laisser poindre un autre horizon, annonçant une nouvelle fraternité.
Deux millions de personnes ! Une vague déferlante d’hommes et de femmes, serrés les uns contre les autres riant, chantant et s’embrassant. On s’attendait à quelques centaines de milliers, on a eu une marée humaine. Comment expliquer un tel débordement, qui ne s’est jamais vu de mémoire d’homme ? Le désir de faire la fête ? Le désir de s’amuser ? Allez-y consulter la psychologie de la foule : " nous sommes là pour être ensemble, car nous sommes indissociables. Nous ne sommes ni Musulmans, ni Juifs, ni Chrétiens. Nous sommes les enfants de la République. Nous fêtons nos victoires sur l’épidémie, sur la barbarie djihadiste, sur la bigoterie fasciste qui croyait son heure arrivée, pour étouffer la voix de la République. Nous sommes indéfectiblement unis, sous les lois républicaines. Que les vipères de la bigoterie, toutes confessions confondues, meurent de leur venin".
Les Champs-Élysées retrouvent une foule française renouvelée |
Dans cette foule aussi compacte qu’unie dans l’allégresse des retrouvailles. Les jeunes Maghrébins sont sur les devants de la scène, partout où on tourne de la tête. Ils sont là, comme s’ils veulent nous convaincre qu’ils sont les plus concernés. Ce n’est donc pas un secret, se sont, eux, garçons et filles qui dansent le plus, qui chantent le plus, qui rient le plus et qui s’extasient le plus. Y a-t-il là un désir sous-jacent de faire un pied-de-nez à ces petits fanfarons identitaires ?
Où sont passés les musulmans qui agressent ?
Une question nous taraude, que nous aimerions poser à Houellebecq et comparses : Où sont donc passés ces musulmans qui volent, qui agressent, qui violent ? Le ministre de l’Intérieur M. Darmanin nous rassure : " il n’y a pas d’incident notable". Une autre question surgit et nous cingle vivement " où sont passés ces Français franchouillards, bouffeurs d’Arabes qui "veulent que les musulmans s’en aillent" ?
Ces garçons rayonnants et ces jeunes filles époustouflantes de beauté, de fraicheur, ne sont-ils pas de toute origine, toute appartenance ? Leurs danses, leurs chants ne sont-ils pas une claque retentissante, en pleine face de cet obscurantisme rampant?
La réponse cinglante aux cerbères
À ce Houellebecq et à ces copies conformes, dont un certain J.C. Dassier qui ambitionne de s’en différencier, en affirmant grossièrement, que les musulmans ne savent pas ce que le mot république veut dire !
Ces jeunes lui rétorquent : " cher irrévérencieux grand-père, vous avez une conception tyrannique, cléricale, chauvine de la république. Les musulmans ne sont nullement un corps étranger à la République, ils sont aussi constitutifs que consubstantiels, à celle-ci. Ils sont de tout temps à pied d’œuvre, non seulement sur le plan intellectuel comme c’est le cas aujourd’hui, mais sur d’autres plans. Y a-t-il un champ de bataille, où ils n’ont pas versé généreusement leur sang pour défendre la république? Y a-t-il un chantier, où ils n’ont pas répandu leur sueur pour faire rayonner cette même république ? Oubliez-vous que le sang des musulmans circule dans les veines françaises depuis le moyen Âge, comme l’a affirmé le grand historien, F. Braudel ? ".
Reste à souligner que notre mémoire est écorchée vive, dès lors, qu’il s’agit de blessures infligées, à notre humanité. Par conséquent, c’est un devoir moral que de souligner que ceux, qui aujourd’hui vouent "les musulmans barbares" aux gémonies, sont les mêmes qui hier, jetèrent l’anathème sur d’autres Français considérés comme ayant des mœurs louches et une religion vicelarde. Les exposants ainsi à la vindicte populaire, qui s’en chargea de les livrer aux cerbères gardiens de l’enfer.
Il est vrai que l’histoire ne se répète pas, mais qui nierait qu’elle rie cyniquement devant la sottise de certaines idéologies et la méchanceté amnésique de ses portes drapeaux.
Ahmed Ben Bannour