Enfin la princesse -n’est-elle
pas la petite
fille de l’émir Abdelkader ? -, a finalement claqué la porte, en mettant
un terme à une vie conjugale sulfureuse avec le célébrissime cheikh Qardaoui. Non seulement, le divorce
est consommé, mais Asmaa Ben kada donne toutes sortes d’interviews sur l’aventure
amoureuse qu’elle a vécue avec le cheikh.
Elle
va jusqu’à publier les poèmes composés en son honneur où le cheikh exprime le
feu ardent d’un amour aussi pur et charnel qu’il ne peut souffrir la moindre incartade
platonique.
Tout cela aurait été tout à fait légitime si les mauvaises langues
n’avaient pas commencé à se délieret si certains journalistes impertinents n’avaient pas consulté
les “fatwas” du cheikh durant sa frasque amoureuse et surtout durant sa lune de miel.
Ijtihad et Fatwa taillés à la mesure d’un désir ?
En effet, ce que ces journalistes ont découvert est tout à fait
vaudevillesque. Ils ont découvert que cesfatwas, délivrées durant ses prestations télévisées à Al Jazira,
furent profondément influencées par les tourments aussi bien sentimentaux que
libidineux de notre vénérable cheikh. Cela est très grave, nous dit-on car cela
signifie que le cheikh ne se référait à aucun corpus ni à aucune tradition. Il
donne tout simplement libre cours à son Ijtihad. Mais que reste-il d’un ijtihad
dicté par le supplice qu’inflige un désir trop flambant pour la jeune
sémillante épouse ?
On s’interroge : est-ce un hasard que le cheikh, durant sa lune de
miel, nous a abreuvé à Al Jazira de principes moraux sur la jouissance sexuelle entre époux ? Écoutons
ce qu’il nous disait : « Un compagnon du prophète, alors qu’il s’amusait avec
sa femme, transporté par le désir, il suça avidement son sein qu’il aspira
quelques gouttes de lait. Inquiet par cet acte, il s’en alla consulter Ibn
Massoud qui était une autorité reconnue. Celui-ci trancha en soulignant que c’est
tout à fait licite tant que la femme n’allaitait pas à ce moment » et notre
cheikh conclut « l’homme est tout à fait dans son droit de téter le sein de sa
femme. C’est un moyen parmi d’autres de jouir ».
On relève également que dans une autre émission, le cheikh va
encore plus loin en nous disant: « Les caresses bucco-génitales sont tout à fait autorisées dans notre
religion, que ce soit celui de la femme pour son mari ou celui du mari pour son épouse même si de telles
caresses n’ont d’autres buts que l’éjaculation Alquadf ». Et les langues fourchues interprètent :
ne sommes-nous pas ici en pleine fellation et cunnilingus ? Mais notre cheikh,
tout à son élancement, poursuit « je ne me permettrais pas d’interdire cela
puisqu’il procure un immense plaisir à l’homme comme à la femme ».
Téléspectteurs, têtes d’oignons?
Notre cheikh endiablé et tellement emporté par son ouragan de
passion que les mauvaises langues s’interrogent : ne cherche-t-il pas plutôt à convaincre sa
fringante épouse de la légitimité de ses acrobaties amoureuses? N’est-ce pas
que c’est avec elle qu’il communique par-dessus les téléspectateurs, simples
dindons de la farce? N’est-ce pas que c’est à elle qu’il s’adresse quand il
affirme : « Saupoudrer le désir de propos licencieux est nécessaire
entre époux car il arrive souvent que l’envie de l’homme précède celle de la
femme et que seul un langage épicé permettrait de rétablir l’équilibre à la
condition expresse qu’il s’accompagne de caresses, des attouchements mutuels.
Bref, de tout ce qui aiguillonne l’envie. »
Dans ce sens, le vénérable cheikh ordonne: «La femme doit avoir
recours à tout ce qui excite le mari: la lingerie provocante, la voix mielleuse, le regard érotique...
Pour satisfaire le désir du mari, une épouse peut aller jusqu’à emprunter aux
filles publiques leur art aguichant et séducteur ».
À un moment donné, au milieu de tous ces détails loufoques, notre
cheikh se rappelle quelque chose et dit : « à la jahiliya, les juifs ne connaissaient qu’une position
sexuelle alors que les arabes quoraichites en pratiquaient plusieurs. Ils
prenaient leurs femmes par-devant, de côté et en levrette...» Le cheikh
réfléchit un instant puis il ajoute comme s’il se rappelle quelque détail : «
mais je déconseille la position en levrette parce que les femmes ne l’apprécient
guère ».
Retour à la ceinture de chasteté ?
Maintenant que le divorce est consommé, que la lune de miel arrive
à terme et que la perruche s’envole loin de la cage dorée, que va faire le perroquet
? Continuera-t-il sa chanson mélodieuse en solitaire ou
retrouvera-t-il ce ton sermonneur et moralisateur qui nous ennuie tant.
Renfilera-t-il sa ceinture de chasteté et tout le cliquetis et le bataclan qui
va avec.
Véritables fatwa ou tripatouillage salace?
Laissons les méchantes
langues déverser leur venin et soulignons que notre cheikh érotomane nous a
offert un moment délicieux, un moment de vérité nous réconciliant avec nos passions. Il nous a fait découvrir nos
fantasmes en certifiant qu’ils sont naturels et légitimes donc à croquer, à
chérir sans complexe. Qu’on peut même les boire pour nous désaltérer puisqu’ils
sont aussi rafraîchissants et halal que l’eau bénite de Zamzam.
Si le désir comme dit Michelet est «cette belle fatalité qui aiguillonne
le monde» comment le reprochons-nous à notre faqih qui dans un moment de vérité
s’est débarrassé de sa djellaba et de son turban pour tendre la main à sa
bien-aimée et devant nos yeux ébahis, il s’est envolé avec elle sur un tapis
magique en exécutant la plus belle danse, le plus beau tango qui nous a
émerveillés tant.