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mercredi 2 décembre 2020

Nos cliniques marocaines ou l’art de faire suer le burnous

 

 

Nos cliniques marocaines peuvent ce targuer de cet exploit inégalable, qui leur assure leurs lettres de noblesse, même si les méchantes langues parlent de lettres de bassesse. Que l’on s’arrête un seul instant sur ce palmarès qui donne le vertige. Des surfacturations qui donne le tournis. Des chèques de garantie illégaux, imposés à des fins de chantage. Un scalpel qui fonctionne avec les jongleries d’un virtuose, hors pair. Refus systématique de délivrer des factures détaillées et signées. 

 

Absence totale d’informations transparentes sur les prestations. Le recours systématique à des opérations chirurgicales pour extraire un mal, qui n’existe que dans les interstices frauduleux, d’une comptabilité alambiquée. En un mot, la déontologie, on s’en tamponne. !


Ainsi, le Maroc est le pays où le taux de césarienne est le plus élevé. Le spéculum, paraît-il, n’a jamais été superflu que dans le pays du soleil couchant. Il est vrai que c’est plus affriolent que d’écarter les jambes et les parois d’un trésor, mais à quoi bon, s’il y a une autre voie plus fructueuse, suscitant ainsi une réelle jadba et une enivrante extase.

 

Dans les salons de Casablanca circule cette anecdote, aussi savoureuse, que salée : un homme souffrant d’on ne sait quel mal, se rendit à une clinique. Le médecin ne diagnostiqua aucun mal, mais cela ne l’empêcha pas pour autant de l’anesthésier, séance tenante et de l’opérer. L’homme, en se réveillant le lendemain, constate que son pénis est recouvert d’un pansement humide, intrigué, il interroge l’infirmière. Quelle fut sa surprise, en apprenant que bien que le chirurgien ne lui a décelé aucun mal, mais tout en l’auscultant, il découvrit, que lors de sa circoncision, lorsqu’il était enfant, l’ablation totale du prépuce a été mal faite. Alors, conscience oblige, il fut donc contraint de lui refaire sa circoncision, selon les règles de l’art.


Pire que cette circoncision, il y a l’excision de l’âme quand on sait que le pauvre patient est sommé de débourser, la somme astronomique, de dix à quinze milles dirhams pour chaque jour passé dans ce ce lieu de la géhenne. Cet enfer, où les médecins ne sont plus que les gardiens imperturbables de sa grotte. Ce n’est pas le prix d’un palace cinq étoiles. Ce sont des milliers d’étoiles, qui vont crépiter comme des popcorns sur le front du malheureux patient. Tellement étourdi, qu’il ne sait à quel saint se vouer. Au comble de l’angoisse, il s’interroge : est-il un bouc émissaire ? Ou un veau d’or ? Ou tout simplement le dindon de la farce ?


Nous sommes là, en pleine période coloniale qui usait et abusait du terme : « faire suer le burnous ». La seule différence est qu’ici, on fait suer, non seulement, le burnous, mais également la djellaba et les babouches ! Et comme tout cela ne suffit pas, on va retrouver les proches du malheureux patient pour les dépouiller à leur tour, jusqu’à la nudité complète.


Tout passe burnous, chokkara et Mejdoul !

Entre nous et nos cliniques, il n’y a ni quiproquo, ni mésentente. Pire, il y a plutôt ressentiment, rage, et indignation. Voilà pourquoi cette émission radiophonique va nous fournir, non pas l’occasion d’une réconciliation, loin s’en faut, mais plutôt les réponses à nos angoissantes questions.


Pourquoi un tel intérêt pour cette émission ? Pour la simple raison que la pandémie est là. On tambourine à nos portes. Nous sommes saisis de terreur, nous ne savons que faire, ni que dire. Allons-nous ouvrir ? Il est fort possible que ce soit un proche parent. Il se peut également que ce soit le monstre, avec sa faucille prête à nous trancher les poumons. Il se peut que se soit un ambulancier qui vient nous cravater, nous attraper par la nuque et nous projeter entre les griffes de ces aigrefins, qui ne sont là que pour nous gruger à satiété. Cette émission va donc dissiper nos angoisses. Voilà les invités. Deux médecins parfaitement dressés sur leurs séants. Ils jouissent déjà de toute notre sympathie. 

Benbannour Ahmed
Seul rayon de lumière : Fathia El Aouni

 

Certes, il y a l’information et la communication. Or, dans ce discours, l’information est erronée, la communication n’est que parade et ostentation : « le ministre m’a dit, j’ai dit au ministre, le ministre m’a appelé ! ». Nous aurions aimé entendre la moindre empathie, la moindre justification de ces sommes astronomiques arrachées à des gens, souvent démunis !


Ces hommes ne renvoient nullement au médecin : humain, compatissant et bienveillant qui nous rassure. Non, ils renvoient plutôt à ce paysan indécrottable, qui nous dit que face à la peste, il préférerait voir mourir son épouse, que sa sémillante et laiteuse vache. En lieu et place d’une information éclairante, nous avions eu droit à une avalanche de formules qui font sourire le plus triste des carpeaux.


De toute cette logomachie, nous gardons en tête cette phrase hautaine et sentencieuse : « nous ne sommes pas là, pour soigner la misère des Marocains ». Nous avalons notre salive et ces effarantes insanités avec. Nous ne pouvons ni zapper, ni détourner le regard. Pourquoi ? Tout cela n’est-il pas en rapport direct avec ce que pourrait nous réserver un sort funeste ?


L’un d’eux, nous dit en substance avec un aplomb glacial : « c’est Rabat qui règle la misère des Marocains ». Comme pour nous rappeler qu’il n’est pas un médecin, qu’il est juste un technicien qui « règle » ce qui tombe en panne ! Nous comprenons alors que les cliniques, de même que leur comptabilité, fonctionnent selon un plan infaillible. Les médecins ne sont à leur tour que des aiguilleurs infaillibles. Une telle rationalité de marbre astiqué, aussi froide qu’avide, nous assomme à coup de triques.

 

Terrorisés, nous sommes restés tétanisés, muets comme des carpes pendant que nos savants patentés jargonnaient à leur aise. Nous les écoutions religieusement, fascinés par une laïcisation sonnante et trébuchante, qui piétine de fond en comble nos valeurs religieuses. Celles-là même qui constituent le socle de notre existence. Ces valeurs ne sont-elles pas : l’entraide, l’empathie, la fraternité généreuse, le sacrifice, l’humilité, la vertu, l’abnégation….

 

"Voyons, voyons cher ami, tu viens de confier ton âme à un glouton vorace qui se présente sous les dehors louables d’un faqih pieux. Ne vois-tu pas que son avidité est proverbiale et tu t’attends à ce qu’il t‘offre les clefs du paradis et de la santé ?"

 

En lieu et place de tout cela, nous avions eu droit à un discours se drapant des oripeaux d’une modernité fallacieuse, où l’égo hypertrophié et l’autosuffisance l’emportent sur nos petites misérables considérations éthiques.


Ne sommes-nous pas le troupeau ? Alors, pourquoi nous n’applaudissons pas ? Ne sommes-nous pas là pour être tondus et grugés ? Pourquoi ne pas adopter l’attitude de poules mouillées face au super coq, celui qui se pavane, tout en arborant haut et fort sa crête dentelée de rasoirs et de bistouris. Aurions-nous d’autres choix que de nous aplatir sous sa houlette, délicieusement étouffante ?

 

Serment d’Hippocrate ? Oui, mais que dit Brel !

Doit-on rappeler à nos professeurs que le médecin est tout fait autre chose. Dans notre culture arabe, c’est le Tabib, de Tatbib (guérison et apaisement). C’est également, le Hakim dont le champ sémantique embrasse Hikma (sagesse), Hukm (autorité), Hakam et Hakama (arbitre et arbitrage). Le Hakim n’est donc pas ce technicien inculte, mais une autorité morale et scientifique, qui soigne certes le corps, mais également l’âme. Nous sommes en pleine culture arabe, cette même culture qui a enjambé la méditerranée, afin d’apporter sa lumière à l’occident, pour que médecine et médecins puissent aller de l’avant, le serment d’Hippocrate en bandoulière.


Voilà pourquoi nous sommes plus que scandalisés, devant ce discours qui saccage un héritage, qui transgresse une sacralité. Un discours qui exécute cette danse macabre devant ce sillon de larmes, de deuils et de peines de tous ceux et celles, que le malheur a précipités entre les griffes de ces rapaces, qui ne sont-là que pour se repaître de la proie et se réjouir de l’hécatombe.


Nos professeurs n’en ont cure, pontifiant à l’infini. L’un d’eux, n’est-il pas cancérologue de son état ? N’a-t-il pas le pouvoir de guérir les scrofuleux, rien qu’en les touchant ? N’a-t-il pas la Baraka ? Voilà pourquoi, il est intarissable, pourtant à un moment donné, il perd de sa superbe devant les questions pertinentes de la brillante journaliste. Il réalise alors qu’il perd la partie et que ces mensonges ne sont pas cousus de fil blanc, mais de corde de pendaison de la vérité. Il ne peut plus ni esquiver, ni botter en touche. Il claqua la porte avant de lancer sur un ton exaspéré : « je coupe l’émission » ! 


A-t-il senti que ses phrases rituelles sont devenues littéralement scabreuses ? Comment expliquer une telle désinvolture et un tel égoïsme tranquille ? Le grand Brel a déjà répondu : « Faut vous dire Monsieur, que chez ces gens là, on n’vit pas monsieur, on triche. Chez ces gens là monsieur on compte ». En effet, chez ces gens là monsieur, on amasse et on brasse.


Le seul rayon de lumière dans ce tunnel de l’absurde est cette brillante journaliste, Fathia El aouni, dont les tentatives de ramener ses brebis galeuse à ses beaux pâturages sont demeurées vaines. Mais, sa présence nous rassure, nous rappelant que l’intelligence généreuse est bien là, et qu’enfin, c’est cela qui finira par l’emporter face à la bêtise.

Ahmed Ben Bannour


 

mardi 17 novembre 2020

ترمب الفاشل، المهزوم : الماء والشطابة حتى لقاع الحبس

 

هناك قادة يحتفظ التاريخ بأسمائهم أحرفا من نورسُطرت للأبد على جبينه وجبيننا. إنهم أولئك الذين لا نخطئ عناوينهم، حيثما حلوا أو إرتحلوا، إلا و زرعوا بذور خير، تلهم الإنسانية سبل ارتقائها، وتحررها من نير القهر وقيود الفقر.

وهناك قادة والعياذ بالله، حيثما عبروا، تركوا خلفهم سيل دموع، وسيل أحزان، وليالي حِداد. و ترمب ينتمي بامتياز لهذه العـيـنة. أو لم يكد يدفئ مقعده في السلطة، حتى انطلق بعنجهية لا نظير لها، يزرع بذور الشر والكراهية والبغضاء، ومع هذا قسطا وفيرا من العنصرية، واحتقارذوات وذوي الألوان الأخرى، والأديـان الأخـرى، وأهل الحـق في الحقوق الأخرى.

 

le bolg d'Ahmed Ben Bannour

لو توقـفنا فقط في عالمنا العربي، لاكتشفناه يُـمول الحرب السعودية في اليمن. تلك الحرب التي نشرت الخراب والكوليرا والمجاعة. لاكتشفناه يوقف المساعدات الغذائية عن أطفال وأرامل غزة. لاكتشفناه يحول السفارة الأمريكية للقدس، حتى يسحق الحلم الفلسطيني في دولة تلك عاصمتها، الضامنة إستقلالها وحقها في تاريخها. لاكتشفناه  يسلخ الأراضي الفلسطينية المحتلة والجولان عن الوطن الأم، حتى يقدم كل ذلك هدية للمستوطنين وفلول الثوراتيين. لاكتشفناه أخيرا يدشن ماسمي بالـتطبـيع، حتى يغـرس ذلك الكيان في جغرافـية ما كانت جغرافيته، وتاريخ ما كان تاريـخه.

وأكثر من كل هذا، اكتشفناه يكن عداء لا مثيل له للإسلام والمسلمين، حد أن يصدر مرسوما يمنع هؤلاء من ولوج أو تلويث الأرض الأمريكية المطهرة. بل ورأينا أحد أقرب معاونيه، يقول بأن "الإسلام هو السرطان الذي ينخر الأوطان جمعاء". !!

 

نحيب الأمهات وصراخ الأطفال

اللائحة تطول، لكني أقف هنا حتى لا أسمع نحيب الأمهات، وصراخ الأطفال في الحدود المكسيكية، وقد حيل بينهم وأمهاتهم وآبائهم. وحتى لا أرى الويلات التي فجرها عنصرية مقيته، بين الأمريكيين أنفسهم، فهؤلاء أهل الجنس الأبيض الأرقى وهم الجديرون بكل اعتبار، وأولئك الجنس الملعون والمغضوب عليه، أي الجنس الأسود الأدنى وهوالجدير بالإقصاء تهميشا وقتلا.

وكيف لا أثير موضوع  السياسة الإجتماعية، والتي تلخصت في محو المكتسبات الأوبامية،  وتدشين الصحة كل الصحة لأهل الجاه، والمرض كل المرض لمحدودي الدخل والمعوزين، فالثروة كل الثروة للأغنياء، والفقر كل الفقر لذوي الخصاصة.

وعلى الدوام، وطوال ولايته المشؤومة، ظل هذا الرجل يتحرك بوقاحة قل نظيرها. وكيف لا، وجهله بالتاريخ بلغ حدا أن لا يرى في التاريخ إلا كومة رماد، ينفخها عبر الرياح الأربع، حتى يعمي كل العيون المتقدة بشعاع البصيرة. لا يرى في الجغرافية إلا حدودا يعصف بها كما يشاء، ويعيد رسمها كما تقتضيها لا أقول المصلحة الأمريكية. كلا، بل مصلحته الشخصية، ومصلحة عائلته المقربة، التي يريدها ضدا على كل المؤسسات، أن تكون وحدها الآمرة الناهية، المالكة لناصية السلطة والمال والأعمال. وأكثر من هذا، مالكة للديمقراطية التي تم ترويضها، حد أن أصبحت عبدة أسيرة تفعل ما به تـُؤمر وما يُملى عليها.

كان طوال ولايته البغيظة يعبر عن إحتقار لا حد له للمعطوبين، والنساء، والسود، والمسلمين، واللاتينو أمريكيين. وقد بلغ به جنون العظمة أن تطاول إحتقارا حتى على الجنود الأمريكيين، الذين سقطوا إبان الحرب العالمية الثانية فقال : " إنهم الفاشلون الخائبون"، مما يعنى أنهم لو كانوا عكس ذلك لكانوا اليوم أحياء، وخصوصا أغنياء يملكون السلطة والمال!. أو لسنا هنا في عز العبث العنجهي البغيض؟

                                                               

أشواك الهزيمة فى مضجع الأنانية

وقد كانت كلمة " الفاشل" هي التعبير المفضل عنده، ويمكن القول أن الحقل اللسني لهذه الكلمة يتجاوز دلالتها المباشرة، ليشير لكل هؤلاء الذين لم ينتصروا في المعركة الكبرى. معركة كسب الثروة وتكديس المال والجاه. فكل شيء يوزن بميزان الذهب الرنان، حد أنه ليس هناك من مجال للحديث عن حلال أو حرام، فكل الطرق تؤدي للبيت العتيد، بيت المعبود الأعظم: السيد الرب المال. وإذا كانت الأساليب اللا أخلاقية هي الأجدى، وإذا فلم لا؟ وأين المشكل ؟ أو ليست الغاية تبرر الوسيلة ؟

وإذا كان الأمر كذلك فكيف يقر بهزيمته، ومتى كان الطاغية يقر بهزيمته، وهذه قد تكون لسان الحقيقة التي يكره؟ كيف يقر بهزيمته وهذه تعني تجرع مرارة الفشل، وهو الساخر دوما وأبدا من الفاشلين. إنه إذا يتمرغ غيضا واستنكارا في أقفاص أنانياته.

فهل يملك إلا أن يتنكر للهزيمة ونتائج الإنتخابات، إنه يجند أنصاره من أهل الجنس الأبيض الأرقى، وهو يعلم يقينا أن هذا قد يقود لحرب أهلية مدمرة. ولم لا، ما دام ذلك قد يفتح كوة أمل للاستمرار في هذا البيت الأبيض، حتى و إن تضرج دما فأصبح البيت الأحمر !

الآباء المؤسسون كما يسمونهم في أمريكا، كما الدستور، كما المؤسسات العريقة، كل هذه ليست إلا طواحين هواء، إنه ينقض عليها ليحيلها أشلاء، حتى يعيد بناء المجتمع الذي يستجيب لطموحاته، حيث لا حق في حرية التعبير، ولا صناديف اقتراع، ولا حق للنساء في أجسادهن، ولا حق للسود في حريتهم، ولا حق للمسلمين في كتابهم وصلواتهم.              

أو لسنا هنا في عز الاستبداد الشمولي؟ أو لسنا في مملكة محمد بن سلمان؟ ذلك الإبن الطيع المنبهر، ذلك الفارس المغوار، الذي استل سيفه البتار ليقطع به أوصال صحافي يحلم بسيادة الديمقراطية ! أي والله، هذه الديمقراطية الكافرة، التي تمارس الزنى، في وضح النهار، مع المحرومين والفاشلين والمداسين. وإذا فيا أيها المسلمون، تعالوا لكلمة سواء، وليتقدم كل بحجَـرته لرجم الفاجرة العاهرة.                                                                        

في غياب شمس الديمقراطية

الديمقراطية هي حقا حسب تشرشل النظام المتهافت، ولكنها الأحسن والأرقى مقارنة مع كل الأنظمة. ولكم نتساءل معا : يا الله هذا ترمب بهذه الطاقة الهائلة من الوقاحة، بهذه الملايير المكدسة في خزائنه، بهذه الترسانة الضخمة من أسلحته، ماذا كان بوسعه أن يفعل لو لم تكن هناك مؤسسات ديمقراطية تطيح به من عرش استيهاماته، من عنفوان جهالته. كم من معتقلات كان سيشيد ؟ كم من إرادات نبيلة كان سيسحق ؟ كم من نساء شريفات كان سيغـتصب ؟ كم من شعوب كان يحرمها من حقها في كرامتها وتنميتها ؟ كم من زعامات مفبركة كان يُطلقها سما في حلق الفجر الموعود ؟ كم وكم وكم....

كيف كنا سنكون، لولا شعلة التمرد هذه في جوانحنا ؟ في أي درك كنا نكون لو لم تكن هناك مؤسسات ديمقراطية. التي في نهاية المطاف، ليست إلا سدودا أخلاقية في وجه الطغاة، في وجه هذا الشره المنفلت من عقاله، حتى لكأنى به لا يشبع، ولو ابتلع البشر، والشجر، والحجر!

الديمقراطية، في نهاية المطاف، تكمن لُـبابتها في مكانزماتها، وهناك بالظبط ضعفها وقوتها. فقد تسمح للزعيم الديماغوجي باعتلاء عرش السلطة، ولكن الديمقراطية نفسها والتي تملك أدوات حصانتها، لا تلبث أن تلفظ هذا الجسم الديناصوري الغريب، واستئناف مسيرتها وقد اغـتـنـت بدرس جديد حتى تـتحصن أكثر.

لكن الديمقراطية الأمريكية لها خصوصيتها، إنها تعبير عن مسار وصيرورة تحيل لهذه الأمريكا التي حباها الله كل المزايا، كل الخيرات، كل الطاقات الدماغية عبر أرجاء المعمور، ترحل إليها خفافا وثقالا، لتصب ذهبا في خزائنها. فكيف وبأية معجزة تحول كل هذا سلاحا في قبضة حديدية، لطبقة سياسية تتناوب على السلطة، كأنما لغرض واحد، وضع الأمم وخيرات الأمم تحت الجزمة العسكرية !

كأني بترمب جاء في اللحظة المؤاتية، كأني به يملك فضيلة، وهو الرجل الذي لا فضيلة له. وأقصد فضيلة تعرية النظام برمته. لقد عرى كل هذا الشره، عرى كل هذه الاستعلائية اليمينية المتطرفة، بما تتضمنه من أحقاد عنصرية وابتزازية. لقد عرى كل شيء حد أن النظام لم يعد يملك ولا ورقة توت، يخصف بها على عريه. نعم، لقد عَـرَّى كل هذا ويمكن القول أنه خصوصا عـرَّى الانحراف اللاديمقراطي المهول.

فهل يملك بايدن أن يظبط عقارب الساعة على الفكرة الديمقراطية النبيلة ؟ وعلى مطامح المعذبين في الأرض، داخل أمريكا وخارجها ؟ ما أكبر شكوكنا، إن هذا الرجل مهما كانت نزاهته، فإنه سجين الشراك المنظوماتية، سجين الامتيازات الراسخة وقـد تجلت لوبيات متحكمة. لكنه يعلم يقينا أن الاستمرار في نفس السياسة السابقة انتحار... هنا المعادلة الصعبة الكسر.

 

أمريكا بين الأمس و اليوم و الغد

 من ينكر أن أمريكا تغيرت ديمغرافيا، تغيرت فكريا، تغيرت حساسية، تغيرت عرقيا. من ينكر أن أمريكا تعيش اليوم مخاضا عسيرا؟ أو لسنا نكتشف اليوم مندهشين أن الصورة التي نملكها عن المجتمع الأمريكي لهي صورة مهزوزة.. طوال الحملة الانتخابية الأمريكية والتي عشناها بأعصابنا ودمـنا، كانت القناة التلفزية السي آن آن رفـيقـتـنا الدائمة. لأنها ببساطة فرضت نفسها علينا فرضا، فكيف ذلك: ما أكبر الدهشة ونحن نتابع التغطية الإعلامية لهذه القناة. كنا مبهورين أمام رجال ونساء، إعلاميين متضلعين بامتياز، يملكون حس الموضوعية، وحس الحدس، ومع هذا عمق البصر، ونفاذ البصيرة. ومع هؤلاء كنا نرى ضيوفا، هم رجال ونساء فكر، ورجال و نساء سياسة، قد يختلفون كل الاختلاف، يختلفون رؤية ووظيفة، يختلفون عرقا ولونا، يختلفون فلسفة ومسارا، ولكنهم يلتقون جميعا في التحليل الأخصب والرؤية الأعمق...

وكان السؤال الكبير: أمريكا هذه، بهذه الطاقات المشتعلة فطنة، وحسا نقديا متألقا، كيف لهذه البلاد أن يحكمها رجل لا يملك رصيدا ثقافيا، ولا إلماما معرفيا؟ كيف لهذه البلاد بهذه النخبة النيرة، أن تسلم أعنتها لرجل لا يملك إلا رصيدا ماليا انتفخ حد الانفجار، ومعه رصيد وقاحة أضخم، ورصيد سوقـية أهول ؟

فهل مانعيشه اليوم لهو الانتفاضة الأمريكية المباركة ؟ تلك الأمريكا العظيمة التي نهيم بها غراما وافـتـتانا ؟  أمريكا آبراهام لنكولن، أمريكا مارتن لوتر كينغ، أمريكا شومسكي، أمريكا محمد علي، أمريكا إدوارد سعيد. هل هي أمريكا التي بما تملك من طاقات جبارة، وعقول نيرة، تتجند اليوم لتقول كفى خزيا، كفى تسلطا. ثم تمد يدا كريمة خـيِّـرة لهذه الإنـسـانية، التي من فرط ما مُـرِّغت في الوحل، لم تعد إلا أشلاء بين أنياب  مَصَّاصي الدماء.

قد يخزني أحدهم ويقول: استيقظ يا رجل إنك تحلم! وأقول: متى كانت المدينة الفاضلة إلا حلما في عاطفة مفكركبير، أو فيلسوف عظيم، أو شاعر ملهم، وأقصد هؤلاء المجانين الخارجين عن الصف، والمسكونين بهم العدالة والحرية ؟

samedi 7 novembre 2020

Le terrorisme entre le sacré, le couteau et la plume.

Deux virus invisibles circulent, la Corona et le terrorisme. Les deux m’atteignent de plein fouet. Mais j’en sors indemne, je suis donc en bonne santé. Un témoignage s’impose. S’agissant de ce second virus, une question me taraude : quel rapport entre un illuminé qui décapite, qui égorge et un musulman dont la spiritualité le transporte cinq fois par jours, vers un Dieu unique, clément et miséricordieux ?

Quel est le musulman qui ne tremble pas d’indignation ? Qui ne se sent pas couvert d’ignominie, face à un prétendu coreligionnaire, qui égorge une personne innocente dans la demeure sacrée de Dieu ? Un homme arborant haut et fort une identité prétendument musulmane. Un homme rassasié d’opprobre, qui décline sans vergogne, cette même identité usurpée, en criant haut et fort, Allah Akbar.

Ce bourreau qui décapite, qui égorge au nom de ma religion, est celui-là même, qui sort des mêmes cavernes des instincts sordides. Là où prospère l’intransigeance, la bigoterie. Là où ces énergumènes toutes confessions confondues, s’attachent à une fiction qui substitue au réel leurs propres représentations. Là où un moi mégalomaniaque et narcissique ivre de sa vérité immaculée, de son histoire transcendantale. Seul le sang de l’infidèle étanche une telle soif inextinguible.

Dans notre cas particulier, l’ennemi est évidemment tout un chacun qui n’adore pas Allah, ni ne vénère le prophète. Mais, moi aussi, bien que musulman, bien que j’adore Allah, tout en vénérant son prophète. Je suis rangé dans la catégorie des ennemis, pourquoi ? Parce que j’adopte le mode de vie de ces mécréants, en prétendant que cela m’offre ample émancipation, et surtout, parce que je veux adorer Allah comme je l’entends, et vénérer le prophète à ma façon. A cela s’ajoute le pêché impardonnable, d’un attachement viscéral aux idéaux de la démocratie. Ajoutant à ceci, le souci satanique de soumettre au feu roulant de la critique ma religion, et sa tradition que je juge tyrannique et ankylosée. Une telle tradition ne me condamne-t-elle pas à une misère intellectuelle, morale et sexuelle ?

 

Ceci est antisémitisme, cela est liberté d’expression

Peut on tout dire, tout écrire, tout dessiner ? Oui, à la liberté d’expression. Mais, quand celle-ci est frelatée, animée par des instincts sordides, visant à mépriser, à humilier. Alors, celle-ci n’est plus liberté d’expression, mais plutôt un marécage dans la frange de laquelle pataugent les chantres de la haine.

Quel rapport entre la liberté d’expression et ces préjugés, ces clichés stéréotypiques, ces lieux communs. Bref, un ensemble de petites mesquineries, qui ne sont là que pour rappeler au musulman qu’il est inférieur, qu’il doit donc raser les murs, se recroqueviller sur sa pauvre identité. Qu’il se taise, qu’il s’invisibilise, qu’il se réfugie dans sa civilisation décadente. Celle-là même qu’il avait tendance à oublier, et surtout, à ne plus la transmettre à ses enfants. Mais, voilà cette civilisation retrouve tout son rayonnement, grâce à l’offense.

Oui à la liberté d’expression. Mais, c’est là où le malentendu atteint son paroxysme. Y-a-t-il une liberté sans garde-fou éthique ? Y-a-t-il une liberté de la dérision avec une hiérarchie dans la satire ? Caricaturer le prophète des juifs, dans la même posture pornographique, passerait, à juste titre, pour de l’antisémitisme. Mais, s’agissant du prophète de l’islam, c’est la liberté d’expression. Une telle hypocrisie frise une lâcheté pitoyable.

Ce dessein pornographique d’un homme accroupi, toute intimité dehors, que l’on présente comme étant le prophète de l’Islam. Cette obscénité honteuse choque le musulman, mais également le juif et le chrétien, puisque les trois grandes religions ont quelque chose en commun : la fonction prophétique et ses rapports avec le divin, la révélation et le sacré. Bref, cet ensemble qui constitue ce mystérieux contrefort de l’être. Qui a dit que l’homme ne se nourrit que du pain rationnel et rassis ?

Il ne s’agit, nullement, de ce sacré vidé de sa substance, soumis aux féroces gestionnaires de la foie, pour qu’il se combine avec la violence. Le sacré que nous évoquons ici est celui, qui plonge ses racines dans une spiritualité transcendantale, où les frontières artificiellement tissées entre les confessions s’effondrent, pour qu’il ne reste que l’homme, dans sa multiplicité, sa diversité face à un Dieu, source de bénédiction, de tolérance et d’amour.

C’est ce sacré qui est touché en nous, face à ce dessein de l’opprobre. Un musulman même viscéralement anti clérical est vivement secoué par ce dessein, qui exhale un mépris nauséabond. Ce même musulman voit avec sidération son islam, qui était, jusque-là, assoupi, en pleine léthargie, se réveiller et  se redresser. Il cherche sa plume pour défendre sa dignité, mais, un terroriste décérébré, fanatisé et endoctriné, lui, cherche son couteau.

 

Islamophobes et terroristes même combat.

Au lendemain de chaque crime, les musulmans sont préoccupés à numéroter leurs abattis. Hélas, ils sont loin d’être indemnes. La pointe du couteau du criminel, prétendument coreligionnaire, est toujours plongée dans leurs âmes.

La France est certainement fière de ses intellectuels, aussi brillants qu’intelligents. Des hommes et des femmes qui forcent l’admiration, par leur sens de l’honneur et de l’éthique. Hélas, une autre catégorie de pseudo-intellectuels fait de l’Islam et de la haine des musulmans leurs sujets de prédilection, si ce n’est leur fond de commerce. Un fond de commerce où l’épicerie est garnie de toutes sortes de marchandises. Où l’on redouble de zèle pour que l’invective le dispute à l’intoxication, l’insinuation méprisante à l’injure, expressément déclarée. Bref, on fait feu de tout bois. Tout ce qui rabaisse le musulman, tout ce qui le désigne à la vindicte est le bien venu.

Bien qu’il se drape des oripeaux d’une modernité factice, ce discours islamophobe chevauche sa, soi-disant, philosophie des lumières, pour déployer ses ténèbres. On n’a pas besoin d’être grand clerc, pour constater de visu les options épistémologiques, les présupposés, les affinités idéologiques et la haine sournoise. Tant de serpents maléfiques avançant en rang serré, pour désigner l’ennemi qui se cache sous les traits d’un faux citoyen, infiltré subrepticement dans la patrie, par effraction, avec le poignard entre les dents.

Ainsi, nous assistons à une littérature servile et malveillante. Une littérature qui étale impunément sa haine, sur fond abject de racisme xénophobe. Mais, Il est vrai qu’il s’agit d’une autre époque. Cependant, la clairvoyance transcende les contextes. Ainsi, le Président Mitterrand, exaspéré, avait un jour prononcé cette phrase terrible : l’infâme s’exprime là où il est.

 

L’homme de Neandertal et l’Homo sapiens

Allons-nous comprendre que le couteau du criminel est aiguisé par l’islamophobe ? Le va et vient, de ce même couteau, dans la nuque de sa victime, ce mouvement sinistre n’est qu’une musique enivrante dans la tête de l’identitaire raciste.

Il n’y a que les néophytes ou les zélés idéologiquement irrécupérables, qui ne comprennent pas encore, que djihadistes et islamophobes mènent le même combat. Ils se prêtent mutuellement main forte. Ils ont en commun la même confiance aveugle, les uns dans leur propre providence divine, les autres dans leur propre providence historique.

Voilà pourquoi ces identitaires applaudissent  le crime. N’est-ils pas leur fidèle compagnon ? Le crime ne constitue-t-il pas leur nourriture terrestre, leur notoriété et leur gloire ? Ne l’instrumentalisent-ils pas ?  Ne l’exploitent-ils pas avec une joie maline ? Ainsi, le crime a un intérêt double : d’une part, il illustre les ramifications de la racaille islamique, et en même temps, il souligne leur bravoure à le dénoncer, leur courage à pointer ses conséquences dévastatrice, sur la sécurité et la cohésion de la grande civilisation, la plus supérieure.

Ne l’oublions pas, identitaires et djihadistes travaillent inlassablement pour pulvériser notre Dieu commun, afin de créer, fabriquer leur propre Dieu. Un Dieu égorgeur, suprémaciste et méprisant. Pour atteindre un tel objectif, il faut commencer par piétiner ce stock de signes, de symboles propres à nos religions monolithiques. Caricaturer le prophète, s’attaquer à une église, à une mosquée, à une synagogue n’est qu’un acte anodin. Ce qui est super important, c’est le geste symbolique qui annonce l’inauguration du règne totalitaire du nouveau Dieu.

Dans quel monde vivons nous ? Un minimum de sens critique, nous fait découvrir l’homme de Neandertal montrant le bout de son museau, sous l’Homo sapiens. Même messianisme, même millénarisme, même mythologie glorifiante d’un passé devenu passéisme, puisqu’il a rompu les liens avec le présent, même fantasme historique, même action niveleuse du moule uniformisant, même source où l’on se désaltère, de la même eau bénite puisée dans le même bénitier où s’agite le même diable, aussi infidèles que mécréants.

Pour conclure, disons que le grand perdant dans cette aventure « caricaturelle » est incontestablement la grandeur de la France, sa noblesse et son prestige, qui sont aujourd’hui en lambeaux chez la Umma « la nation musulmane ». Cette Caisse de résonnance, ce ventre fécond où percent tant de cris, tant de  douloureuses vicissitudes, comme pour annoncer d’autres lendemains, non pas qui chantent, mais qui interrogent et s’interrogent encore plus.

Tant il est vrai, que chaque époque charrie ses allégations, ses immondices, sa démagogie mensongère, que de braves gens partagent de bonne foi, sans toujours s'en apercevoir.

Dieu merci, il y a ces hommes et ces femmes, ces gardiens de la mémoire, qui mènent un combat salutaire contre l’infâme. Ceux et celles  qui ne laissent jamais passer une occasion sans dénoncer ces geôliers de l’esprit, qui se font un plaisir d’incarcérer le musulman derrière les barreaux de leurs fantasmes pathologiques.

Ahmed Ben Bannour

dimanche 2 août 2020

Une cathédrale qui brûle, un homme qui se consume, et un silence assourdissant


Pourquoi la vue d’une église qui brûle, me bouleverse au plus profond de moi même ? Pourquoi cela me donne le sentiment que quelque chose, brûle en moi ? Comment cela, alors que je m’appelle Ahmed ? Une explication consiste à creuser en moi, déterrer cet univers de signes, de symboles, de sémantique que je partage avec « les gens du livre » Ahl Alkitab, c’est à dire, chrétiens comme juif.



Pourtant, une telle démarche mi- théologique, mi- rationnelle ne me satisfait guère. Voilà pourquoi, je dois creuser encore davantage. Oh ! Surprise quelque chose surgit : en effet, brûler une église, c’est transgresser ce sacré profondément enfui en nous. Ce tabou propre à nos grandes religions et auquel nous tenons, comme à la prunelle de nos yeux, puisque c’est là, que réside une référence, une identité partagée, une croyance en un même Dieu. Bref, ce sont là, les fondements qui nous rassurent et nous garantissent que le ciel, ne s’effondrera jamais sur nos têtes.

En effet, brûler une église, porter atteinte à une mosquée, saccager une synagogue, c’est cracher sur ma mère. C’est blesser l’humanité en moi, c’est me priver de cet universel, de cette chaleureuse fraternité de la foi.

Cela fait mal, un patrimoine de l’humanité qui brûle. Cela nous rappelle les siècles obscurs où la civilisation se trouva ravagée par des hordes barbares. Mais de grâce, ne nous laissons pas aveuglés par cette fumée âcre et épaisse, qui nous empêche de voir cet autre incendie, de cet autre patrimoine, qui brûle également devant nos yeux. Il s’agit cette fois-ci, du patrimoine Homme, cet homme, quantité négligeable, que l’on sacrifie sur l’autel d’un égoïsme clérical et identitaire.

Mais qui est cet homme ?
Cet homme, qui a osé l’impensable, qui a enclenché ce feu de la géhenne, qui est-il ? Personne jusqu’à maintenant ne s’est interrogé sur son sort, les quelques bribes que nous avons grappillé, ça et là, dressent le portrait d’un itinéraire, d’une misère, d’une angoisse. Un homme venu tout droit de cette tribu en voie de disparition, celle des damnés de la terre.
  
Nous savons que l’homme est chrétien, qu’il s’appelle même Emmanuel, comme notre Cher Président- au grand désespoir des identitaires qui auraient souhaité ardemment qu’il soit musulman- nous savons qu’il vient d’un pays africain dévasté par la misère. Nous savons qu’il est arrivé après avoir bravé tant de dangers et surmonter tant de difficultés, avant d’atterrir dans ce pays de cocagne, qui est la France. Ne s’agit-il pas du pays des droits de l’homme ? Voilà pourquoi dès le lendemain, avec un enthousiasme sans égal, il retrousse ses manches pour l’accomplissement des tâches les plus ardues, les corvées les plus pénibles. Sauf que voilà, ce dont il a le plus besoin, c’est être en parfaite légalité avec les lois de la république.

Hélas, sur ce plan toutes les portes sont closes. Dans ce moment de désespoir, il réalise qu’il ne lui reste que la grande et vénérable porte de la maison de Dieu. N’est il pas chrétien ? Y-a-t-il d’autres que ses frères, qui peuvent lui tendre une main généreuse ? Sans la moindre hésitation, il frappe à la porte en question. Il est bien accueilli, et il propose ses services. Homme à tout faire. Le père et les frères lui souhaitent le bienvenu dans sa nouvelle famille et le chargent de tout un tas de besognes, qu’il accomplit avec joie.

Il s’engage comme bénévole, c’est à dire sans contre partie salariale. Il s’occupe des tâches ménagères et des courses. Il est tellement dévoué, qu’il a gagné la confiance du recteur qui ne tarde pas à lui confier les clefs de l’église.

Plusieurs années passent et l’homme ne voit pas le bout du tunnel. Ce bénévolat ne semble jamais prendre fin, et il sait qu’il est toujours dans une situation irrégulière. Malade, il ne peut même pas se rendre à l’hôpital, se faire soigner faute de papiers. Il sait même que les autorités lui ont signifié qu’il doit plier bagage. Il se plaint auprès de la direction de l’église, mais celle-ci, tout à son sacerdoce n’en a cure.

L’église a largement les moyens d’intervenir, mais elle ne bouge pas le petit doigt. Pourquoi ? Certaines mauvaises langues avancent que l’institution en question ne s’intéresse pas au sort de son bénévole, pour la simple raison, qu’elle n’en tire que désavantage. La régularisation de son bénévole, ne peut qu’affranchir l’esclave de cette dépendance, et lui offrir les ailes pour voler ailleurs.

Voilà un procès d’intention, que nous ne permettons jamais d’intenter contre cette vénérable cathédrale, dont la charité chrétienne se confond avec la foi.

Hospitalité dites vous ?
Un journaliste parle d’un « étranger irrégulier » et sa façon de remercier l’hospitalité française ! Drôle d’hospitalité, qui d’une main accorde le gite et le couvert, et d’une autre main maintient la victime entravée, pour mieux la vider de sa substance.

Tout de même, des questions demeurent sans réponse, nous taraudent. Seul le coupable est en mesure de nous sortir de l’embarras. Hélas, celui-ci se réfugie dans un silence si assourdissant, qu’on s’interroge si ce silence ne lui est-il pas imposé ? Parler, rime avec dénuder, par contre, se taire c’est dissimuler ce qui suscite l’indignation.

Mais quel que soit l’écran de fumée, nous sommes en présence de tout un ensemble d’ingrédients qui se rejoignent, s’unissent, s’enlacent pour exploser et embraser une église, qui se trouve à son corps défendant, cautionnant non pas la loi d’airain de subsistance, mais la loi d’une vassalité moyenâgeuse. Qui est à mille années lumière de la loi républicaine.

On serait tenté de s’interroger, pourquoi cet homme n’a-t-il pas pris le temps de réfléchir avant de commettre l’irréparable. Mais réfléchir, n’est il pas un acte de confort ? Comment demander à réfléchir à un homme méprisé, humilié dont la dignité est bafouée ? Comment demander à réfléchir à un homme qui vit sous l’épée de Damoclès d’une expulsion appelée « obligation de quitter le territoire » qui allait le jeter comme un malpropre, dans son village lointain où il arriverait avec les mains vides et le cœur débordant de rancunes.

Un acte de catharsis !
Il se voit déjà après tant d’années de sacrifice, de dévouement, de sale bénévolat. Il se voit dans son village, ne sachant quoi dire, ni comment expliquer un tel naufrage. Et cet atterrissage forcé en pleine boue, sans le sou, sans le moindre cadeau ! Comment répondre aux questions de sa pauvre famille, celle de ses pauvres frères et sœurs démunis. Brûler l’église ce n’est nullement prendre une revanche. C’est tout simplement brûler sa honte ? C’est tout simplement se livrer à un acte de catharsis !

Le patrimoine homme, dont nous avons parlé au début de cet article, c’est ce legs de dignité, dont chaque homme est dépositaire. Ce désir d’intégration, de faire partie d’une communauté. C’est ce rêve d’ascension, de s’affirmer et s’accomplir en se libérant. Bref, tant d’éléments qui brûlent en même temps que l’église, mais que l’on ne voit pas, puisqu’il n’y a ni fumée ni odeur. Il n’y a que l’homme qui se consume dans son petit coin, devant ses frères qui ne daignent ni le reconnaître ni l’intégrer.

L’homme accablé par un crime qui l’enrobe dans son tourbillon, et pourtant il jure ses grands dieux qu’il ne l’a jamais commis. Est -il un menteur pour autant ? Non, la pauvreté, tout court, est synonyme de la pauvreté d’un vocabulaire.     

Comment ne pas relever que dans cet événement se concentre l’essentiel du drame humain. Est-ce cela qui incitent certains auteurs de certains éditoriaux d’habitude si bavards, si sentencieux, à se terrer. N’on-il pas eu l’intuition d’une blessure qui gangrène. Voilà, ce qui explique ce faux fuyant, ce silence complice. Bref, tout ce qui démontre une gêne et un embarras qui renvoient à l’âme humaine et ses tourments, face à une vérité dont les étincelles menacent de brûler la conscience.