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mercredi 8 juillet 2020

Pour un Islam écologique et printanier


Au lendemain de ce raz-de-marée écologiste, les identitaires furent frappés de mutisme, comme tétanisés par ce qui apparait comme la pire des hécatombes. La société ségrégationniste tant rêvée n’est plus qu’une chimère, le racisme institutionnalisé n’est plus qu’un vœux lointain, la machine suprémaciste est grippée pour ne pas dire en panne. Sous l’effet de la surprise, un certain Zemmour, chantre de la xénophobie, se libéra de son délirium logomachique pour nous assigner une vérité incontestable : la victoire est verte, l’Islam est vert. La France est donc envahie par l’Islam. Jamais la logique d’un syllogisme  n’a fonctionné avec autant d’illustration.



Pourtant, notre idéologue de la régression mentale et sociale a quelque part raison. Comme les musulmans ont voté massivement pour le camp du progrès, il faut en conclure que l’Islam reprend sa couleur verte, non pas la couleur des turbans obsolètes de ses vieillots uléma, mais une nouvelle verdure printanière, d’une écologie radieuse, promettant de nouvelles égalités et de nouvelles chances.

Cependant, et c’est là où le bât blesse. Un Islam archaïque. Un Islam bigot. Un Islam violent est un Islam rassurant, qui nous fournit les arguments dont on a vivement besoin pour échafauder une véritable barrière épouvantail, entre les français pur-sang, et les musulmans de la taqîya. Ceux-là même, qui campent à la porte de nos villes, attendant l’occasion propice, pour prendre d’assaut notre civilisation judéo-chrétienne.

Une communauté musulmane dites-vous ?
Et voilà, cette victoire qui arrive, qui n’est, ni un cheveu dans la soupe, ni un pavé dans la mare. Elle est plutôt un séisme, révélant à ces identitaires que contrairement à ce qu’ils avaient constamment prêché, la communauté musulmane n’existe que dans un imaginaire, tissé de bric à brac de haillons fantasmagoriques.



Comment parler de communauté musulmane, alors qu’il n’y a ni autonomie, ni leadership, ni endogamie, ni déconnexion avec la société d’accueil ? 


Lors de cette victoire, les musulmans ont administré la preuve la plus éclatante de leur diversité, de leur implication dans la politique de leur pays. Est-ce en votant passivement ? Non, mais en participant activement, comme acteurs et actrices.



Benbannour Ahmed
Ben Bannour Ahmed


À Paris, c’est Rachida Dati, appartenant à un autre camp politique, qui a tenu en haleine la ville des lumières durant une campagne mouvementée. À Marseille, c’est Samia Ghali qui s’est érigée faiseuse de rois.



Une femme arabe, musulmane, qui mobilise derrière elle, près de la moitié de la capitale française. Une autre, qui tient entre ses mains le destin d’une ville phare de la France. Ceci, est hautement symbolique. Il nous confirme qu’un nouvel Islam est en train de voir le jour. Un Islam qui adopte la démocratie française comme vecteur de l’universel.

Arkoun sort de son confinement. 
Tout cela annonce que les Musulmans ne sont pas un corps étrangers, ni un épiphénomène, mais des acteurs agissant dans le sens de la démocratisation, de la laïcisation ! Pourquoi ? Par ce qu’ils ont acquis la conviction que leur dignité ne peut être préservée, que dans le cadre d’une société réellement laïque, réellement démocratique. Voilà, ce qui explique cette haine, cuite et recuite, échangée équitablement entre Musulmans d’une part, et les courants fascisants, d’autre part.

C’est dans ce contexte, que Les femmes musulmanes font leur entrée avec fracas. Elles sont à l’avant-garde du combat démocratique. Bien qu’il n’y ait pas là de quoi s’étonner ?  La femme n’est-elle pas l’avenir de l’homme ? Voilà, ce qui explique que la femme musulmane est la pire ennemie de la charia. Elle sait de science certaine que celle-ci, ne lui promet qu’asservissement, harem et tintamarre des casseroles.



Ainsi, l’Islam se républicanise, se laïcise, se féminise. Ceci est lourd de conséquences, quand on se rappelle la force du fait démocratique, que l’on voit à l’œuvre dans le monde arabo-musulman. L’Islam français se trouve invité à promouvoir chez ses frères d’ailleurs, un humanisme généreux,  à être un véhicule de transformation dans le sens d’une rupture avec les temples d’une sacralité vermoulue.



Nous sommes donc en présence d’un Islam français qui s’élabore, un Islam qui a fait son aggiornamento, qui endosse l’héritage des lumières, après l’avoir débarrassé de ses scories égocentriques, en le réadaptant à son génie propre.



Un Islam qui arbore haut et fort un Ibn Khaldoun, fondateur de la sociologie, un Averroès, véritable transmetteur de la philosophie grecque, et d’autres allumeurs de réverbères musulmans qui ont largement inspiré cette philosophie des lumières, que l’on prétend exclusivement occidentale.



Le professeur Arkoune sort de sa relégation, lui, qui se rêvait d’un humanisme sans rivage, qui ambitionnait de remembrer les deux rives d’une Méditerranée arbitrairement séparés par un esprit exclusiviste et hégémonique. Arkoune est là, lui, qui rêvait d’un Islam français, un Islam qui s’est arraché aux pesanteurs archaïques, afin d’intégrer la modernité de plein pied. Un Islam qui rompe définitivement avec un idéal religieux, porteur d’un projet khalifal, qui n’est autre chose qu’une bouillabaisse de théocratie, de despotisme et de bigoterie.


Ben Bannour Ahmed


Une position essentialiste considérant l’Islam comme un héritage de congélation mentale, empreint de mœurs patriarcales, constituant un élément d’arriération congénitale. Pour conclure, qu’un tel Islam ne peut que menacer la stabilité et la démocratie. Cette vision honteusement raciste, ne fait que sourire tous ceux qui n’ont jamais accordé qu’indifférence à ces numéros de claquettes.

Le discours identitaire en panne
Le discours identitaire souverainiste est en capilotade, son intransigeance religieuse, son programme qui n’est qu’une lamentable fumisterie. Ses arguments qu’il ressasse confondant allègrement Islam et islamisme, Musulmans et immigration, terrorisme et Islam. Cette vaste démagogie basée sur un messianisme ténébreux est déjà désigné comme étant, une dernière manifestation de la guerre entre religions.   


Un discours hyper-égoïste et narcissique, qui croit fermement à la pureté immaculée d’une nation, se contentant d’elle-même, amplement autarcique et auto suffisante. Ce discours tombe aujourd’hui en carafe, les tentatives visant à le ranimer, à lui insuffler un minimum de vigueur sont pathétiques. Avec la vague verte, ce discours est atteint dans son narcissisme nationaliste, ses préjugés invétérés, ses clichés savamment entretenus s’effilochent, et avec eux leur lot d’exclusion, d’humiliation, de ghettoïsation sociale. Toute cette machine nourrit de haine ancestrale, de frustrations mesquines, se grippe. Le musulman méprisé, piétiné, se redresse, se métamorphose. Il est créatif, auteur, acteur. Édificateur. C’est à dire pleinement Français.



Ce Musulman n’est plus cet éternel incarcéré, derrière les barreaux d’une identité momifiée. Il a intériorisé et compris que l’endogamie n’engendre que nanisme, que la mixité, l’exogamie, la quête du savoir - comme le lui recommande sa religion-, sont une chance d’émancipation, de libération et de rayonnement.

Braudel refait surface
Ne sommes-nous pas invités à renouer avec un certain Braudel ? N’a-t-il pas rappelé un jour à ses compatriotes, que le sang sarrasin circule dans leurs veines, depuis le moyen âge ? Il se trouve que ce même sang, circule aujourd’hui mutuellement, avec plus de vigueur. Cette vague verte n’exprime-t-elle pas une nouvelle continuité historique et sanguine. Enrichie de cette fraternité humaniste, véritable rempart face à cette haine méprisable, qui délite le tissu républicain, et menace l’unité nationale ?



Quelle galère ! Une communauté musulmane soudée, ne jurant qu’en s’écriant : Allah Akbar n’existe plus. Un Islam qui se confond avec l’islamisme, n’est que pure vue d’un esprit liquéfié. Un musulman ne peut qu’être un terroriste potentiel, n’est que mensonge avéré. Si tous ces édifices s’effondrent l’un après l’autre, comment alors cacher une nudité scandaleusement obscène et haineuse ?   



Nous avons aujourd’hui une nouvelle génération, aussi jeune que paritaire, qui entretient un nouveau rapport avec l’Islam et les Musulmans. Une génération qui vient prêter main forte, à tous ces hommes et ces femmes, qui n’ont jamais laissés passer une occasion, sans porter haut et fort l’étendard d’une France de lumière. Une France qui rayonne, grâce aux efforts de tous ses enfants.



Au lendemain de ce brouhaha assourdissant, le chantre de la haine anti-islam est jugé pour propos bassement racistes, tenus lors d’une convention d’extrême droite. L’évènement n’émeut pas grand monde, cela se passe comme un haussement d’épaule de la France, qui tourne une page non glorieuse de son histoire, la page du déshonneur du racisme.



Ce sieur tristement célèbre pour sa haine viscérale envers l’Islam et les Musulmans est aujourd’hui seul avec sa Marion. Il hésite, il balbutie, il ne sait que dire, ni que faire. Allait-il l’inviter à une marche funèbre, ou à danser le tango. Allait- il l’inviter à pleurer sur les ruines d’une gloire perdue ? À se lacérer les joues, comme le font les femmes Musulmanes traditionnelles, lorsqu’elles sont frappées par le malheur !!?