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vendredi 8 février 2013

Dilami, Belyazid, ISO et les babouches d’Eco Medias

Allons-nous applaudir ?
Le journal Assabah est sur le point d’être libellé ISO
s’il ne l’est pas déjà.
Cela nécessite un commentaire.


Certes, la marque de certification ISO est une empreinte internationale incontestable. Une fois, le sceau de son pouvoir suprême apposé au fronton d’une marque, celle-ci acquiert sur le champ ses lettres de noblesse. Mais, celle-ci en trônant à la tête d’un journal ne perd-t-elle pas de sa crédibilité ? N’est-elle pas là, un chien dans un jeu de quilles ?



Ahmed ben bennour
C’est ce paradigme, cette idole que nous implorons pour nous fournir ce gabarit indéfectible. Nous sommes ainsi renseignés sur les mensurations et le degré de perfectionnement des neurones de notre modeste petite cervelle de petit indigène.

Le maître et l’indigène
Car, rappelons-le, le champ d’intervention d’ISO ne saurait outrepasser ses limites circonscrites à tout ce qui touche à la production, à la qualité, au respect de l’environnement, aux règles du management…

De là, à accorder sa caution à un journal est un contre sens flagrant. Pour la simple raison que le journal est un travail qui relève du champ intellectuel. C’est une entreprise de culture et de communication appartenant à cette sphère qui ne tolère en aucun cas une certification, un cautionnement et encore moins un label de qualité !

Si cela était possible, les journaux les plus prestigieux comme Le Monde, El Pais, Herald Tribune…auraient figuré depuis belle lurette au palmarès d’ISO.


Or, comme tout un chacun le sait, la chose écrite échappe à toute classification technique. Seule la critique universitaire, armée de certains outils d’analyse, se permettrait une telle évaluation.

Hélasla technocratie ne semble pas savoir qu’il n’y a rien à voir entre « créer » un journal et fabriquer des boites de conserve. Ce ne sont ni les mêmes critères, ni les mêmes enjeux !


Ahmed Ben Bannour

ISO a-t-il jugé que l’intellectualité n’est pas la tasse de thé d’Ecos Médias où la culture est non seulement marginalisée, mais bannie et méprisée. Est-ce cela qui a décidé ISO à foncer tête baissée dans le traquenard en ne voyant que le côté management et impression ! Pure niaiserie ! ? Un journal comme l’économiste, même si la technicité l’emporte, reste néanmoins un journal qui propage des valeurs. Le cautionner de son empreinte n’est plus, ni moins qu’une« marque » de connivence avec cette idéologie.Existe-t-il une idéologie de qualité ? Seul l’absurde devrait avoir une réponse !

Assabah est certes une autre orientation. Il mise essentiellement sur les faits divers et le sport ! Ce qui soulève une question brûlante : que fait ISO dans cette galère puisque le fait divers ne se fabrique pas comme un saucisson ? Comment ISO se met entre les pattes de cette bureaucratie pour n’être qu’une mouche agglutinée aux flancs d’un titre?

Est-ce myopie intellectuelle ou tout simplement un paternalisme coloniale qui se montre peu rigoureux à l’encontre du petit indigène qui a besoin d’une autorité tutrice ? Sa minorité et son arriération génétique l’empêchent de tuer symboliquement le père.


Ahmed Ben Bannour

Par ailleurs, pourquoi Ecos Médias se montre friand des attributs de la modernité pour se draper dans les oripeaux les plus ostentatoires ? Est-ce pour dissimuler un résidu de féodalité coloniale qui gouverne les rapports dominants-dominés au sein de cette vénérable technocratie ? Ou est-ce pour des raisons de frime et fanfaronnade quitte à se couvrir de ridicule ? La question est beaucoup plus profonde.


Tentons une réponse hypothétique
Bannir la culture avions-nous dit ? Mais laquelle ? Évidemment la culture marocaine ! Une fois celle-ci est rejetée, que reste-t-il ? La sublimation de l’autre, c'est-à-dire le maître et son empreinte inimitable !

La dévalorisation de soi, ne va-t-elle pas parallèlement avec la sublimation du maître Élevé au rang de modèle, le prométhéen paradigme de perspicacité, de créativité et de mode de vie ? !

C’est ce paradigme, cette idole que nous implorons pour nous fournir ce gabarit indéfectible. Nous sommes ainsi renseignés sur les mensurations et le degré de perfectionnement des neurones de notre modeste petite cervelle de petit indigène.

Pourquoi les responsables d’Ecos Médias, ne font-il pas appel, plutôt, à un conseiller en marketing ? Il leur aurait conseillé un Benchmark : accorder une attention particulière à la concurrence, au pouvoir de la créativité marginalisée au profit de la servilité rampante. Mais, surtout communiquer autrement avec ce consommateur-lecteur qui n’a jamais entendu parler d’ISO et qui s’en soucie comme un poisson d’une pomme !


La réponse la plus éclairante nous est parvenue d’une source tout à fait inattendue :Talha Jibril, le fondateur d’Assabah. Brillant journaliste, d’origine soudanaise, « marocanisé » jusqu’au bout des ongles, nous raconte ses mémoires et s’arrête longuement sur l’aventure Assabah et ses démêlés avec les patrons. Il révèle des détails tout à fait savoureux : en dépit d’une formation journalistique dramatiquement déficiente, affirme-t-il, la direction tenait, contre vents et marées, à s’immiscer dans la ligne éditoriale pour l’orienter dans un sens « populiste ». Exaspéré, Talha Jibril s’écrie hors de lui : « comment cela est-ce possible ? Une ligne éditoriale n’est nullement ces gestes saccadés de fabrication de babouches ».