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vendredi 8 février 2013

Et l'USFP créa Bensalem Himmich


En effet, « littihad lichtiraki », le fameux parti des forces populaires, a le droit d’être fière, et même très fière. Un tel exploit force l’admiration. Ne nous a-t-il pas offert sur un plateau d’argent l’homme qui remporte le trophée du ministre le plus médiocre, au sein de cette équipe de conglomérat hétérogène que l’on appelle gouvernement ?



Mais sommes-nous surpris ? Avouons-le, dès sa nomination, la thèse du héros de la culture que chantonnaient le parti et ses acolytes n’a cessé de prendre du plomb dans l’aile. Le navire culture n’a cessé à son tour de prendre l’eau, pour finalement sombrer dans les marécages boueux du narcissisme himmichien.

Cependant, une question s’impose :  Himmich n’est-il pas finalement que l’image même d’une idéologie décadente ? D’un pouvoir aux abois ? N’est-il pas  l’illustration la plus représentative d’une double déchéance : la servilité partisane d’une part et la déliquescence intellectuelle d’autre part ?

En effet, depuis que Himmich est bombardé ministre de la culture. Il ne pense qu’à une chose : faire de la culture une esclave au service du makhzen, en épousant jusqu’au ridicule sa vision la plus aliénante, la plus ringarde, la plus asservissante et pour finir la plus anachronique !

Le makhzen est-il comblé pour autant ?. Hélas, notre   ministre est allé trop loin. Sa politique trop zélée confirme la sagesse de ce célèbre adage : « qui trop embrasse mal étreint » ! En effet, le makhzen, lui-même, s’est trouvé embarrassé devant un serviteur qui endossait sans crier gare sa djellaba surannée, qui collait trop à ses babouches désuètes et rapiécées. Bref, un serviteur tellement enthousiaste qu’il dévoilait au grand jour les desseins makhzeniens les plus inconscients et les plus inavoués.

La culture si elle n’est pas contrôlée, n’est-elle pas source de toutes sortes de remises en cause ? Ne pulvérise-t-elle pas ces « valeurs sacrées » qui assurent grâce à leur baraka domination et privilèges ? Il faut donc agir, c’est-à-dire, phagocyter la culture ! Mais attention : agir ! Oui, mais pas au grand jour ! Surtout dissimuler soigneusement le pot aux roses ! Sinon comment subjuguer « la populace » ? Comment faire pour se draper de sacralité et farder la vérité ?

Voilà pourquoi, le zélé serviteur a de quoi mettre en branle le Makhzen ! L’apprenti sorcier dans son enthousiasme puéril étalait au grand jour les tours de passe-passe du grand maître.

En effet, ce soldat de l’apocalypse, qui pensait que son heure de gloire avait sonné, qu’il détenait le bâton de maréchal dans sa giberne,  passe aujourd’hui pour le ministre qui a donné l’image la plus exécrable du Makhzen et de la culture. La tartufferie de sa gestion,  le burlesque de sa communication, sa manie irrésistible de marginaliser les compétences constituent une injure à l’intelligence des marocains.

L’homme nous a toutefois rendu un service inestimable. Il nous a montré de visu les mécanismes de fonctionnement d’un makhzen soucieux de perpétuer une domination sans partage, quitte à faire appel à des hommes sans envergure, sans compétence pourvu qu’ils soient à mille années-lumière d’engager le pays dans un processus de transformation culturelle et démocratique.

Voilà, ce qui explique cette étroitesse de vue himmichienne, avec son lot  d’indigence intellectuelle, avec sa condescendance affligeante pour qui ne partage pas ses vues. Voilà, ce qui explique ces petits règlements de compte, ces petites vindictes, cette petite politique de ces petites certitudes qui ne s’expliquent que par la sécheresse de l’imagination et la stérilité de la pensée.

Il est donc, de bon ton de barrer le chemin à toute innovation créatrice, à exclure tous ceux susceptibles de faire de l’ombre à notre brillantissime ministre, régler son compte à tout un chacun qui rêverait  d’intercepter un rayon de cette lumière dont notre polyglotte penseur est la source fluorescente. N’est-il pas l’astre qui éclaire et l’orient et l’occident ? 
Comme l’affirment à cors et à cris les Pravda du Makhzen et du parti de la vérité unique et totalitaire ?

Seules donc les grandes idées de sssi Himmich ont droit de cité. Mais, il y a un os rétorquent dans un consensus unanime, aussi bien les thuriféraires épuisés et dénudés que les cassandres indignés : «  De quelles idées parlez-vous ?: «Celles-ci nous les avons cherchées à l’aide de torches, de  bougies, de projecteurs et même nos microscopes y ont été mis à contribution. Hélas, nulle trace d’idées ! Par contre, il y a tout un florilège de panne d’idées,  de panne de générosité, de panne du sens de la responsabilité et d’initiative… Partout où l’on se tourne de la tête, il n’y a qu’un égo surdimensionné  et une autosuffisance qui confine au burlesque ».

Le souci principal de notre néophyte plénipotentiaire consistait à licencier les compétences, les femmes et les hommes intègres qui honorent leur pays, et les remplacer par les compères. Mais, n’est-ce pas que clientélisme, népotisme et autres droits de cuissages sont consubstantiels à tout dispositif auquel on a recours pour accéder à la notabilité dans un système féodal ?

La seconde préoccupation de notre ministre consistait à faire du ministère un tremplin pour assurer la diffusion la plus large à sa littérature romanesque et poétique. Même si elle est faite de dissertation indigeste.  Même si elle est sans la moindre originalité.   Même si elle n’est que gribouillage insignifiant. Même si elle n’a été saluée que par notre fameux parti unique, et surtout, par l’élite moubarakienne, celle-là même, que le printemps arabe vient de balayer rageusement !.

Alors, notre ministre n’a pas d’idées ? Pour être objectif, disons que depuis qu’il a épousé la cause makhzenienne, il ne lui reste plus qu’un résidu d’un marxisme mal digéré joint à un makhzenisme boutchichiste d’un autre âge. C’est cela le fond de sauce d’un brouet insipide que notre apprenti sorcier veut, contre vent et marée, nous faire ingurgiter.

C’est cela, qui provoque le rejet unanime des intellectuels marocains : écrivains, artistes et acteurs compris. Himmich a réussi la quadrature du cercle en unifiant contre sa  bouffonnerie toutes les potentialités créatrices. Il peut se targuer d’avoir donné au printemps arabe, en général, et marocain en particulier, une coloration d’indignation particulière. Légitimant ainsi un soulèvement contre la volonté asservissante d’un pouvoir mal informé, mal décrotté qui continue comme le bon vieux temps à vouloir faire de la culture une propagande digne des plus belles heures d’un césarisme obsolète et révolu.

Ahmed Ben Bannour