Cette
publicité. Ce visuel nous interpelle parce qu’il s’assimile à une créativité.
Or, une créativité n’a jamais été une bassesse. L’opprobre n’a jamais eu pour
compagnon la créativité....
C’est
le sentiment d’infériorité, de dévalorisation de soi. Un sentiment tellement
intériorisé qu’il s’exprime dans la logique du maître raciste. Ce petit maître
imbibé de sa petite supériorité qui a tout le mal du monde à se débarrasser de
ses instincts primitifs, de son égocentrisme maladif.
Bref,
toute une frustration séculaire qui se traduit par une haine féroce envers
l’Arabe, le Sarrasin, le fils d’Ismail, l’ennemi héréditaire à écraser.
" Que
veut dire ce message de la honte : l’arabe, votre langue prestigieuse, le
conservatoire de votre mémoire et l’emblème de votre identité culturelle. Le
symbole de votre fierté nationale...Ha, Ha, Ha... Et bien, cette langue nous la
reléguons aux chiottes pour l’usage que vous savez. Ha, Ha, Ha...”
Comment expliquer une telle abjection ?
Ce
visuel exprime en effet l’attitude classique du petit blanc qui endosse
l’attitude méprisante du maître en la radicalisant à l’extrême. C’est le petit
colonisé qui, pour abdiquer toute fierté, insulte sa culture et crache sur sa
mère pour plaire au maitre qui ne le gratifie même pas d’un sourire. Ce
dernier, ne s’attendait pas à une telle audace de l’infâme, parce qu’il sait
que l’ignominie et traîtresse en puissance.
Le petit indigène qui crache sur sa mère
C’est
la première fois dans l’histoire arabo-musulmane que la langue arabe se trouve traînée
dans la fange de l’humiliation. L’auteur de ce visuel peut se targuer d’être le
précurseur de cette honte. Il est le premier à avoir osé un tel blasphème !.
Jetons
un coup d’œil éclairant sur tous ces matériaux qui ont servi de support à la
langue arabe avant que celle-ci ne se trouve réduite aujourd’hui à être
transcrite sur un support tout à fait inattendu et qui n’est autre qu’un papier
hygiénique.
C’est
quoi l’arabesque, si ce n’est cette célébration du nom d’Allah par le biais de
« la langue du paradis ». Cet ornement, ces lettres, cet entrelacement, ces
guirlandes, bref, c’est la langue arabe rendant hommage à Dieu. En scellant ce
pacte sacré entre Dieu et les hommes qui la parlent. Pour exprimer ce pacte, beaucoup
de supports furent utilisés : les murs, spécialement ceux des mosquées et des
zaouïas, les épitaphes, les étoffes, le marbre... L’écriture amoureuse et profane
n’est pas en reste. Elle est gravée sur toutes sortes de supports pourvu qu’ils
soient nobles. Elle est peinte ainsi sur la soie, sur les verres, sur les
vases, sur les robes envoyées à la personne aimée. La peinture arabe moderne s’illustre
par une calligraphie arabe qui emporte une admiration universelle.
Le papier ou la noblesse d’un support
Cependant,
le support qui a permis à l’Arabe un rayonnement inégalable est
incontestablement le papier. C’est cela qui a fait dire au grand orientaliste
André Miquel «la civilisation arabe est une civilisation qui a rayonné grâce au
papier ».
En
effet, quand la civilisation arabe s’installe dans le croissant fertile, c’est
le papyrus d’origine égyptienne qui prévalait à côté de la peau traitée. C’est le
règne du parchemin, mais les intenses rapports établis avec les chinois vont
introduire par la grande porte le papier qui allait détrôner ses concurrents. Des
ateliers de fabrication s’installèrent à Bagdad et ailleurs. Pourquoi le papier
a eu tant de succès ?
Évidemment,
ses qualités propres mais surtout une caractéristique qui l’impose sur le
champ. Contrairement au parchemin périssable, au papyrus qui autorise le
grattage et donc la falsification par palimpseste. C’est dans ce contexte que
le support-papier fait une entrée triomphale. Il donne aux documents une valeur
historique et juridique. Mais également, il fixe définitivement le message
coranique : les faits et gestes qui ont accompagné la Sunna.
Le
papier annonce la foi et la science. Voilà pourquoi jusqu’à une date récente,
chaque fois que l’on rencontrait un papier écrit en arabe, on le ramassait pour
le baiser vénérablement et le mettre à l’écart, là où il ne risque pas d’être piétiné.
Ainsi
le papier entre, non seulement dans l’espace de l’écriture, mais dans celui du
sacré. Écriture et papier sont confondus: C’est kataba et kitab, c’est-à-dire,
« écrire » et « livre ». Or Alkitab par excellence, c’est le Coran qui nous dit
: « Nous avons fait descendre cette révélation et nous veillons à ce qu’elle
soit sauvegardée». Le papier se trouve donc investi d’une mission divine : préserver
le message divin et le protéger de toute agression. C’est pourquoi dans
l’imaginaire musulman, le papier occupe cette place de choix. Il est le garant
et le support de l’authenticité et de la vérité suprême, de même, qu’il est la
base de tout engagement contractuel entre les hommes.
Une francophonie sous-développée
Voilà
pourquoi nous affirmons que c’est la première fois dans l’histoire
arabo-musulmane qu’un support d’un genre particulier fait son entrée sur la
scène : un rouleau de papier hygiénique.
Tout
cet imaginaire est atteint de plein fouet, toute une histoire, tout un sacré
sont insultés, voués aux gémonies. Une identité blessée, piétinée par cette
publicité de la honte. Cela exprime certainement la décadence de notre propre
culture, mais illustre de manière frappante la profonde bassesse d’une certaine
francophonie de pacotille. Une francophonie sous-développée qui n’a pas compris
que le français est une langue de lumière, d’honneur, de dignité et non pas un tabernacle
de haine fanatique, de mépris immonde et d’ignorance inculte et crasseuse